Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/112

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas qu’elle ne fût annoncée par ces astres vagabonds, qui bien certainement n’auraient pas pris la peine de visiter la terre s’ils n’eussent été chargés d’avertir les habitants d’un aussi grand malheur.

Mais si nous avons renoncé à ces antiques erreurs, nous conservons encore, dans nos argumentations, l’invincible habitude de juger de la nature des choses par la possibilité de nous en former une idée ; en sorte qu’une proposition est affirmée ou niée suivant que nous pouvons ou ne pouvons pas concevoir son existence. Ainsi nous disons hardiment que la matière est divisible à l’infini, parce qu’il nous est facile de continuer à l’infini l’opération arithmétique de la division. Nous disons qu’elle ne peut penser, parce qu’elle est divisible à l’infini, et que l’unité de nos opérations intellectuelles répugne à l’idée de la divisibilité. Néanmoins, nous ne savons toutes ces choses ni a posteriori, puisque l’expérience ne saurait les atteindre, ni a priori, puisque la matière ne nous étant connue que par de simples perceptions, nous ignorons complètement son essence. On croirait, à voir notre assurance, que, à l’exemple du géomètre, nous sommes parve-