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léguaient aux générations suivantes de véritables préjugés à l’égard des faits encore inconnus. Il est pourtant certain que cet esprit n’a jamais cessé d’être guidé par la prévision de la vérité.

Dans ces derniers temps, on a voulu recueillir en un seul faisceau les différentes branches de la science. L’auteur de la préface de l’Encyclopédie dit, en la terminant : « L’univers, pour qui saurait l’embrasser d’un seul coup d’œil, serait un fait unique, une grande vérité ». Ces paroles remarquables renferment le secret des efforts de l’esprit humain.

Chacun des systèmes qu’il a enfantés avait pour but de concentrer les faits alors connus en un fait unique. On établissait entre ces faits la relation de cause à effet : on voulait une raison pour qu’ils fussent. On cherchait une unité, des rapports, un ordre, des proportions, parce que ces conditions sont le caractère du vrai. On n’était pas en état de leur donner un appui solide ; mais on généralisait avec plus ou moins de bonheur les résultats dont on avait acquis la certitude. Une vérité découverte prêtait son caractère propre à un vaste système ; et mille suppositions comblaient ensuite l’intervalle entre cette vérité