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endurer pour l’amour de l’entreprise. Si j’avais de l’argent, je vous donnerais tout ce que je possède. »

J’ai longuement hésité à désappointer le mousse irlandais de treize ans qui me supplie de l’emmener et me dit :

« Vous me trouverez très utile quand ; des choses devront être faites fort vite. Je ne voudrais pas de gages. »

La lettre est signée : « Respectivement vôtre ! »

En relisant toutes ces lettres que je garderai toujours, je pense que mon geste ne fut pas vain, quand tant d’hommes forts et énergiques n’attendent qu’un mot de moi pour me suivre et m’obéir. Peut-être rendrais-je, en les emmenant, plus de services à mon pays ; mais alors ma croisière ne serait plus mienne et je n’aurais plus la satisfaction d’être le seul matelot de mon na-