Page:Gerbault Seul à travers l'Atlantique 1924.djvu/123

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’il puisse se tenir dans l’espace libre de tout mouvement. Mais alors il ne serait plus un homme, il serait Dieu.

Parfois aussi les différentes périodes de ma vie défilaient devant moi ainsi que tous les événements qui modifièrent ma conception de l’existence et firent que j’étais là à la barre de mon navire au milieu de l’océan.

C’est d’abord la trop grande sensibilité et les déceptions de mon enfance éprise d’idéal qui m’obligèrent de bonne heure à vivre en moi-même, puis la triste vie de pensionnaire au collège, la guerre et la mort de ma mère qui brisa ma vie par l’épouvantable tristesse du jamais plus.

Les souvenirs de guerre se précipitent devant ma mémoire : un combat du haut des airs, les balles incendiaires qui percent les flancs de mon appareil, l’avion