tirer de cet abîme, te rendre moins la fortune que la considération et le crédit, qui te permettront à nouveau de tenter ton destin — et, pour de vulgaires préjugés, tu refuses tout cela ; tu vas te précipiter en aveugle dans l’inconnu, la misère, les humiliations, la honte ! »
Sériac ne soufflait mot ; il subissait l’abattement d’une crise, il avait capitulé déjà dans le for de sa conscience !
À ce moment le domestique entra :
— « Une lettre pour monsieur ; on attend la réponse ».
La femme se crut perdue : ce chiffon de papier allait peut-être donner le change aux idées de son amant ! Il sortirait, retrouverait son énergie, et tout viendrait échouer devant une résolution définitive ? Elle le suivait des yeux, qui parcourait sa lettre avec fièvre… Tout à coup, Sériac jeta le papier sur la table avec un geste de désespoir, qui tenait de la rage :
— « Qu’on attende, fit-il au domestique. » Et quand celui-ci fut sorti : « Dieu ! ne rien pouvoir ! »
Follette s’empara de la lettre et lut :
« Cher ami,
« Je suis dans la confidence d’une grande nouvelle. Le malheur t’a poursuivi ces temps derniers, tu vas pouvoir te refaire. La rente va grimper. Viens me voir ; nous causerons. À toi. »
Et la signature ne donnait aucun doute sur l’autorité de la nouvelle.
« Eh bien ! s’écria Follette… J’ai, moi, ce qu’il faut pour ce coup-là !… Allons !… Si l’argent te répugne, tu me le rendras plus tard.
— As-tu trois cent mille francs pour demain ?
— Oui, tout est prêt.
— Je prends ta fille…
Il donna un violent coup de sonnette ; le domestique reparut :
« Dites que j’irai ce soir. »
Aujourd’hui Sériac est marié ; il n’aime pas sa femme et sa femme n’a aucune affinité pour lui. Mais elle possède un nom et n’en demandait pas davantage. Quant à la finance, lui l’exploite en grand, lance des affaires qui ne réussissent pas, sait toujours en retirer à temps sa part de bénéfices. Le monde a causé beaucoup ; on a discuté les origines. Mais Sériac est riche : il a eu le dernier mot !
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