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Et de quelque façon qu'il maltraite mon coeur,

Ces armes seulement combattront sa rigueur. [1325]

TIGRANE

Ainsi donc par l'erreur d'une soeur si changée,

Polixène, ta mort ne sera point vengée ?

Et ton sang répandu que ce fer lui fait voir,

Tout chaud qu'il est encore ne pourra l'émouvoir !

J'aurai donc vainement satisfait ton envie, [1330]

En ne te suivant point en conservant ma vie !

Et par ces sentiments qu'elle a pour m'affliger,

J'aurai vécu pour plaindre, et non pour te venger !

Que ce tyran se cache en la nuit la plus sombre,

Et son sang, et le mien apaiseront ton ombre ; [1335]

Je te le jure encore, par le saint nom des dieux ;

J'irai le poignarder, en vos bras, à vos yeux ;

Oui, madame, ma main ayant commis ce crime,

Doit à ce noble sang l'une et l'autre victime ;

Oui nous devons mourir en ce commun malheur, [1340]

Lui d'un fer, vous de honte, et moi seul de douleur.

ORMÈNE

J'excuse ce transport par l'erreur qui le cause :