Page:Georges de Scudéry - L'amour tyrannique.pdf/64

Cette page n’a pas encore été corrigée

Arrête, arrête enfin, ton injuste courroux ;

Ne désespère plus, ni moi, ni mon époux ;

Considère les pleurs de ta pudique femme ;

Va lui rendre ton coeur, va lui rendre ton âme ;

Tu n'avanceras rien, ton crime a beau parler ; [950]

Ma constance est un roc, qu'on ne peut ébranler ;

Tu me verras courir à mon heure fatale,

Avant que contenter ta passion brutale :

Sois pour ton intérêt un peu moins vicieux ;

Crains, crains le châtiment, songe qu'il est des dieux ; [955]

Et qu'un usurpateur a toujours sur la tête,

La foudre épouvantable à tomber toute prête.

TIRIDATE

Non, non, ne croyez pas que mon ambition

M'ait obligé de faire une telle action ;

Outre qu'on m'a vu naître avec une couronne, [960]

La fortune qui m'aime, est celle qui les donne ;

Et sans prendre la leur, ce bras a le pouvoir

De m'en acquérir cent, si je les veux avoir.

Mais souffrez mon discours, il est pour votre gloire :

Je suis, je suis l'amour, et non pas la victoire : [965]

Ce visage adorable impose aux volontés

Une nécessité d'adorer ses beautés :

Si cela vous déplaît dedans cette aventure,