Je soupire, je plains, mais toujours sans murmure :
Quels que soient vos mépris, quel que soit mon malheur,
Vous verrez mon respect plus fort que ma douleur : [855]
Et quand j'aurai lassé la fortune inhumaine,
Ma mort vous fera voir quelle était votre Ormene.
OROSMANE
Hélas ! à ce propos qui doit t'être si cher,
Ton coeur se devrait fendre, et fût-il de rocher :
Cependant aujourd'hui, je vois que ce remède [860]
T'émeut sans te purger du mal qui te possède :
Tu frémis sous l'effort que te fait la raison,
Mais ton âme pourtant, veut garder son poison :
Tu te plais de céder au vainqueur qui te dompte,
Tu vois bien la vertu, mais elle te fait honte ; [865]
Tu rougis, mais enfin tu ne peux consentir
Au conseil que te donne un juste repentir :
Esclave du péché, tu veux suivre ton maître ;
Tu le connais méchant, mais quoi, tu le veux être ;
Et bien poursuis, poursuis tes injustes desseins : [870]
Mais je crois que la mort a sauvé de tes mains