Page:Georges de Scudéry - L'amour tyrannique.pdf/56

Le texte de cette page n’a pas pu être entièrement corrigé, à cause d’un problème décrit en page de discussion.

Ses regards ont des traits, et moi je suis sensible.

Peut-on ne l'aimer point en voyant ses appas ?

Il faudrait s'étonner si je ne l'aimais pas. [815]

Qu'elle aille en me fuyant jusqu'au bout de la terre,

Plus vite qu'un torrent j'irai porter la guerre,

Je la suivrai partout, et les bois, et les mers,

Et les pleines de sable, et les affreux déserts,

Les monts, et les rochers qui s'élèvent aux nues ; [820]

Ni des abîmes creux les routes inconnues ;

Ni les soldats armés, ni le feu, ni le fer,

Ni le secours du ciel, ni celui de l'enfer,

Ne sauraient empêcher qu'une illustre conquête,

Du plus beau des lauriers n'environne ma tête ; [825]

Et qu'après ces travaux je ne revienne un jour,

Couronné par les mains, et de Mars, et d'Amour.

ORMÈNE

Seigneur, en attendant que le destin la rende,

À ce coeur affligé puisqu'il la lui demande :

Veuillez-vous délivrer d'un objet déplaisant ; [830]

Votre sévérité m'oblige en le faisant ;

N'offensez point les yeux d'une nouvelle épouse,