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Ce grand coeur se dément, puisqu'il cède aujourd'hui,

Ce qui certainement ne peut être qu'à lui.

Pouvez-vous concevoir cette injuste pensée ?

Que ferai-je seigneur, quand vous m'aurez laissée ? [625]

Me croyez-vous sans coeur, sans honneur et sans foi ?

L'auriez-vous bien pensé, seigneur, répondez-moi.

TIGRANE

Mais toi-même, mon coeur, que veux tu que je fasse ?

Tu vois pleuvoir sur moi, disgrâce sur disgrâce ;

Le ciel pousse aujourd'hui sa fureur jusqu'au bout ; [630]

Partout je me défends, on me force partout :

Enfin je cède au sort, c'est lui seul qui me dompte :

Mais tout puissant qu'il est, je lui cède avec honte ;

Et si malgré le fiel que sa rage a vomi,

Je pouvais te sauver à travers l'ennemi, [635]

En résistant au mal qui fait que je succombe,

Au milieu de son camp, j'irais chercher la tombe.

Mais quoi ! Tu vois briller le fer de toutes parts ;

On s'en va nous forcer dans nos derniers remparts :