Page:Georges de Scudéry - L'amour tyrannique.pdf/32

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ne tournez plus vers moi, ni le coeur, ni les yeux ;

Cette nécessité, qui force jusqu'aux dieux,

A gravé dans le ciel l'arrêt irrévocable,

Qui donne le pouvoir à celui qui m'accable. [450]

Ne résistez donc plus à ce décret fatal ;

Et tâchez d'amollir cette âme de métal.

Assez votre grand coeur, dans ma juste querelle,

A soutenu ma gloire, et combattu pour elle ;

Assez il s'est fait voir, et sans pair, et sans prix ; [455]

Ne vous enterrez pas sous mon triste débris ;

Vivez, obéissez, puisque je le commande ;

Votre heur sera le mien, et je vous le demande.

Un Citoyen

Non, non, que ce cruel achève ses projets,

Il aura des captifs, mais non pas des sujets : [460]

Toujours notre devoir, et toujours votre gloire,

Serait les seuls objets qu'aura notre mémoire.

              Il parle aux soldats.

Ô vous qui le gardez, si ces pleurs que je vois,

Viennent de la pitié que vous avez du roi,

Si vous n'approuvez point l'injustice d'un maître, [465]

Par l'honneur, par les dieux, faites-le nous paraître ;