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Du visage fatal qui cause vos malheurs.

Privez-le, privez-le de cette grâce insigne ;

Ne le regardez plus, puisqu'il en est indigne ; [270]

Je trouve que chacun a droit de me blâmer ;

Mes yeux ont fait un crime, en me faisant aimer.

Mais seigneur, dans l'état où le destin nous range,

Faites que votre main me punisse et vous venge.

Vous pouvez rétablir votre premier bonheur, [275]

Et sauver votre état, en sauvant mon honneur.

Accordez-moi la mort, je n'attends autre chose :

L'effet sera détruit, si l'on détruit la cause ;

Et ce cruel tyran qui ne cherche que moi,

Quand je ne serai plus, délivrera le roi. [280]

N'écoutez point, seigneur, notre amour qui vous flatte ;

Ne songez point à moi, pensez à Tiridate ;

Et pour vous garantir d'un monstre furieux,

Veuillez hausser le bras, et détourner les yeux.

TIGRANE

Ha ! Changez de discours, ma chère Polixène, [285]

Vous augmentez mes pleurs, vous irritez ma peine ;

Cédons, cédons plutôt à la fureur du sort ;

Suivez, je le permets, le parti du plus fort ;