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Qu'elle est plus glorieuse, et qu'on s'y doit ranger,

Puisqu'on se venge assez, quand on se peut venger.

Grâce, grâce, seigneur, ma voix vous en conjure : [1800]

Ne m'ôtez pas la vie, en vengeant une injure ;

Sauvez le roi, seigneur, et pensez aujourd'hui,

Que je suis votre fille, et que je suis à lui.

               Elle se met à genoux.

Au pied du même trône, où l'on m'a condamnée,

Pour la seconde fois, me voici prosternée ; [1805]

Écoutez donc ma voix, qui parle pour le roi ;

On ne peut l'attaquer, sans s'attaquer à moi ;

Si l'on punit sa faute, il faut qu'on me punisse ;

Si son règne finit, il faut que je finisse ;

Son destin et le mien marchent d'un même pas ; [1810]

Bref ses jours sont mes jours, sa mort est mon trépas ;

Sauvez donc ce que j'aime avec idolâtrie,

Je l'ai prié pour vous, et pour lui je vous prie,

Il m'aurait écoutée, et vous devez ici,

Regarder votre fille, et l'écouter aussi. [1815]

TIRIDATE

               Il redit ceci en lui-même.

Si l'on punit sa faute, il faut qu'on me punisse !