Lâches, montrez-moi l'or qui vous a subornés.
Ô troupe sans honneur, dont mon âme est trompée, [1760]
Que je meure vengé, qu'on me donne une épée,
Et qu'en mon désespoir, je vous fasse sentir,
Qu'on ne s'attaque à moi, qu'avec du repentir ;
Qu'au milieu des malheurs, je sais braver un traître ;
Et perdre des sujets, qui trahissent leur maître. [1765]
Toi que leur perfidie a rendu mon vainqueur,
Achève ta conquête, en m'arrachant le coeur ;
Ton triomphe demande une palme si belle ;
Et ce fameux combat, rend ta gloire immortelle ;
Tu me prends désarmé, mais non pas sans valeur ; [1770]
Et leur trahison fait ta gloire, et mon malheur.
TROILE
La seule main des dieux cause votre disgrâce :
Vous en sentez le coup, plutôt que la menace ;
C'est ainsi que le ciel accable les pervers,
Pour en faire un exemple aux yeux de l'univers. [1775]
L'intérêt de ma soeur m'a fait prendre les armes,
Les dieux ont vu vos faits, les dieux ont vu ses larmes ;
Et sans nous amuser en discours superflus,