Tout l'univers saura que je me sais venger.
Et toi fière beauté, tigresse impitoyable, [1640]
Ton crime, bien que vrai me paraît incroyable ;
Tu veux faire mourir un coeur qui t'adorait,
Et qui brûlait d'amour quand le tien conspirait,
Le funeste dessein d'attenter à ma vie :
Dieux ! Qui peut te porter à cette injuste envie : [1645]
Ma main t'offrait un sceptre avec peu de raison,
Quand la tienne pour moi préparait du poison.
Mais saches que mon mal n'est pas sans allégeance ;
Je veux te posséder sans amour par vengeance,
Et quand la force aura contenté mes esprits, [1650]
Je veux que tu me sois un objet de mépris ;
Je veux t'abandonner avec ignominie ;
Lors je serai vengé, lors tu seras punie.
Vous grand homme de guerre et grand homme d'état,
Qui prêtiez vos conseils à ce noir attentat, [1655]
Vous qui venez d'écrire un billet d'importance,
Sachez que votre main a signé sa sentence ;