J'avais pris ton venin, mais dans ta trahison
Tu viens de me guérir par un autre poison : [1615]
Mon coeur enfin vomit ce qui causait sa peine,
L'extrême amour se change en une extrême haine ;
D'un oeil impérieux le règne va finir ;
Je savais l'adorer ; je saurai le punir ;
Mon coeur qui le connaît se va faire connaître ; [1620]
Il a trop fait l'esclave, il doit faire le maître,
Montre-moi tes appas, fais ton dernier effort,
C'est en vain, ma colère a résolu ta mort :
Qu'on les fasse venir, la vengeance est aisée.
Sentiments généreux d'une âme méprisée, [1625]
Venez-vous opposer à l'aspect dangereux
Du parricide objet qui me fit amoureux :
Les voici, ma fureur, montre-toi toute entière,
Tu n'en auras jamais de si belle matière.