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fantaisies littéraires

Ils sont là trois des miens, sous la terre durcie,
Ils sont là trois des miens ! sous la bise adoucie,
Je revois leurs cercueils.
Je les revois souvent ; toujours dans ma pensée
Leur souvenir me vient, bienfaisante rosée.
Souvenir de linceul.

Au ciel nous irons tous ! au ciel, notre patrie !
Ce qu’on voit en ce monde est peu digne d’envie ;
Au ciel nous irons tous !
Nous y vivrons en paix, sans crainte et sans alarmes,
Là, jamais de chagrins, jamais non plus de larmes,
Et nous prierons pour vous ! »


Ses dernières pensées sont là. Le cœur de Dieu a été touché, car le pauvre vieillard est allé au ciel « vivre en paix, sans crainte et sans alarmes, » et prier pour ceux qui sont restés.

Gaston était parti dans l’étourdissement de sa douleur. Il avait fui, bien loin, portant toujours en lui le brasier qui le consumait. Il avait cru dans sa