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Corignon, descendant vers la pointe du piano.

Ah ! ma foi, c’est le ciel qui le veut ! il ne m’aurait pas envoyé la tentation pour que j’y résiste ! Il doit me connaître assez pour ça. (Tout en parlant, il est allé prendre machinalement le képi du général qui est posé la visière en l’air sur le piano, s’en coiffe et fait volte-face dans la direction de la porte de droite ! À peine a-t-il fait quelques pas, qu’il a la sensation que le képi est bien large pour lui ; il agite sa tête ; pour s’en assurer, puis, édifié, retire le képi, fait « Oh ! » en constatant son erreur, va respectueusement reposer le képi à sa place, mais cette fois bord et visière en bas, recule de deux pas ; réunit les talons, salue militairement, fait demi-tour, remonte à la console, prend son képi dont il se coiffe et gagne vers la porte de droite, tout en raccrochant son sabre à sa bélière. Au moment où il s’apprête à sortir, il va donner dans Gabrielle qui, affolée, fait irruption par la porte de droite.) Oh ! pardon, madame !

Gabrielle, s’accrochant désespérément à lui en le tenant par un des boutons de sa tunique, et le forçant ainsi à reculer.

Oh ! monsieur ! par quelle émotion je viens de passer !

Corignon.

Ah ! vraiment, madame ? Je vous demande pardon, c’est que !…

Il fait un pas de côté vers le lointain dans l’espoir de gagner la porte.
Gabrielle, qui a exécuté en même temps le même mouvement que lui et continue ainsi à lui barrer la sortie.

Figurez-vous, monsieur ! j’étais entrée dans ma chambre en fermant simplement ma porte sans toucher à la serrure…