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Petypon, se redressant.

Et alors, maintenant, quand il s’agit d’endormir le malade, je presse sur ce bouton !…

Mongicourt, vivement.

Ah ! oui, mais, tu sais !…

Trop tard ! Mongicourt n’a pas achevé le mot « tu sais », que Petypon, sans même s’en rendre compte, emporté qu’il est par sa démonstration, a appliqué une tape du plat de la main sur le bouton gauche du fauteuil. La machine, aussitôt, s’est mise en action ; Mongicourt reçoit comme un choc qui le fait sursauter et le voilà immobilisé dans son attitude dernière, les yeux joyeusement ouverts, un sourire béat sur les lèvres.
Petypon, au-dessus du fauteuil, continuant sa démonstration, sans remarquer qu’il a endormi son confrère.

Immédiatement, mon cher, le patient, sous l’influence du fluide, tombe dans une extase exquise !… et, alors, ça y est ! insensibilité complète ! Tu as tout ton temps ! Tu peux charcuter, taillader, ouvrir, fermer, tu es comme chez toi ! Tu ne trouves pas ça épatant ?… (Un temps.) Hein ? (Descendant à gauche du fauteuil, étonné du silence de Mongicourt.) Mais dis donc quelque chose !… (À part.) Qu’est-ce qu’il a ? (Appelant.) Mongicourt !… Mongicourt ! (Brusquement.) Sapristi ! je l’ai endormi !… Oh ! non, moi, je… oho ! Il faut que je fasse voir ça à Gabrielle !… (Remontant vers la chambre de sa femme et ouvrant la porte.) Gabrielle !… Gabrielle !…

Voix de Gabrielle.

Tu m’appelles !