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ESCAL-VIGOR

danse des insectes dans un rai de soleil. À l’heure du dîner, elle partagea le repas des autres rozenlands ; puis s’éloigna encore à leur suite, entraînée dans leur sillon de bombance et de caresses, se sentant leur petite amie, et ne pouvant se résoudre à les quitter.

Cependant vers le soir, une langueur, une morbidesse, un trouble la prenait. Les baisers et les étreintes autour d’elle participaient des extravagances du rêve. Rien ne l’effrayait. Elle se trouvait dans des dispositions d’esprit extrêmement conciliantes.

La nuit est tombée. Personne ne prend plus garde à Blandine. Chaque servante est pourvue. Mais Blandine aura encore au moins trois saisons à attendre qu’un honnête garçon s’occupe d’elle. Son tour viendra ! C’est ce que lui disent, avec un hommage anticipé, en passant, les regards humectés ou brillants, ou les cuisses frôleuses des lurons. L’enfant ne lit dans ces yeux et ne tâte dans ces charnures qu’une sympathie un peu bourrue, voilà tout ! Autour d’elle, l’air si tiède chatouille et picote les dermes échauffés. Travaillées depuis des heures, les ambiances de désirs s’exaspèrent. Bientôt Blandine ne se rappellera plus les