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ESCAL-VIGOR

et des sureaux pour se représenter le cadre et les acteurs de ces pompes rustiques :

Un beau soleil active les fragrances des haies et des bosquets. La caille blottie dans les blés piaule sensuellement. Personne ne travaille aux guérets. Dans leur empressement à prendre du plaisir, les hommes ont abandonné, çà et là, la faux et la serpe, la herse et le traînoir. Si les cultures sont désertes, par contre, le long des routes vicinales, c’est une procession de voitures maraîchères bâchées de blanc, chargées non point, comme les vendredis, de légumes et de laitages, mais peintes à neuf, tapissées de fleurs, les arceaux tressés de rubans, menées grand train par des chefs d’attelage endimanchés, ébaubis et farauds, et au fond desquelles se trémoussent des rustaudes non moins réjouies, parées de leurs coquets atours.

Ces valets vinrent prendre le matin, en cérémonie, les servantes à leur ancienne résidence pour les conduire chez leurs nouveaux maîtres, et, comme les gars ne doivent être rendus à destination que le soir, ils profiteront de la longue journée estivale pour lier connaissance avec leurs futures compagnes de semailles, de façons et de récoltes.