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ESCAL-VIGOR

l’attentat, il y eut une recrudescence de huées, de vociférations, et il entendit le nom du bien-aimé mêlé à ce tollé homicide.

L’instant d’après, il se ruait dans la cohue, les forces décuplées, bousculant les sinistres badauds, dispersant, assommant les cannibales.

Avec un cri de tigresse s’abattant sur le corps de son petit, il dégagea Guidon privé de connaissance, meurtri et déguenillé, pollué de stupre, le baisa, le souleva dans ses bras.

Sa stature paraissait agrandie.

Armé d’une canne, il décrivait de terribles moulinets. Autour de lui le cercle s’élargissait, et lentement, face aux forcenés et aux furies, il rétrogradait vers le parc. Mais Landrillon et Claudie sommèrent les autres, passagèrement atterrés par cette intervention majestueuse.

Il y eut un redoublement d’insultes. La réprobation se détournait du jeune Govaertz pour foudroyer le Dykgrave. Personne ne se mettait de son côté. Ses partisans les plus débridés, les gueux de Klaarvatsch, ayant appris l’accusation qui pesait sur lui, se taisaient, penauds, contristés, s’abstenant, ne prenant point fait et cause.

Landrillon lui jeta la première pierre. On lança