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ESCAL-VIGOR

accuses d’être ton bourreau.

Désormais, ô ma sœur, fais-lui grâce de tes mines dégoûtées, de ta vertueuse réprobation.

Ah, j’en ai assez ! Puisque je t’ai fait du mal inconsciemment, à toi la meilleure des femmes, je me demande pourquoi je ménagerais les sentiments de la turbe. Loin de m’humilier, je me redresse…

Tu me jugerais, tu me condamnerais, comme les autres ? À ton aise. Mais je te conteste même le droit de m’absoudre. Je ne suis ni malade, ni coupable. Je me sens le cœur plus grand et plus large que leurs apôtres les plus vantés. Aussi ne te montre point pharisienne à mon égard, ô mon irréprochable Blandine !

Et surtout plus de ces mots insultants et flétrisseurs, n’est-ce pas, en parlant de mes amours, de mes seules possibles amours !

Ces mots, ô mon ange, te faisaient perdre en une seconde tout le bénéfice de ton existence entière de bonté et de compréhension. Assez, de ce dévouement qui vous brûle au fer rouge… Assez de cautères !

— Henry, gémissait la pauvre femme, ne revenons point sur le passé ; arrache-moi le cœur