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LA CHAMBRE DE REVAUD


On ne s’ennuyait pas dans la chambre de Revaud. Le grondement de la guerre, la rumeur des convois en marche, les secousses épileptiques de la canonnade, tous les sifflements et les halètements de la machine à tuer arrivaient jusqu’aux fenêtres et les secouaient avec une fureur épuisée, comme arrivent au fond d’une crique les vains échos des tourmentes du large. Mais ce bruit était familier à l’oreille comme la pulsation même du monde misérable, et l’on ne s’ennuyait pas dans la chambre de Revaud. C’était une pièce étroite et longue où il y avait