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Ces lieux champêtres étaient autrefois le rendez-vous des nobles qui y prenaient leurs soupers fins. Ils avaient des maisons de plaisance, des kiosques sous les arbres, des pelouses, des étangs et ils s’y promenaient au clair de lune avec des danseuses. Ils y amenaient des baladins et des acrobates. La vie était alors toute féodale : les gentilshommes campagnards ne voyageaient qu’en grand équipage et rendaient la justice en chemin, quand un suppliant se jetait devant leur chaise. Les chapeaux étaient trois fois plus grands, les pipes encore plus longues et les jupes des femmes si volumineuses qu’elles ne pouvaient marcher qu’à petits pas comme des déesses.

On quitte la route mandarine pour s’enfoncer dans les gorges du Pou-Kan et le paysage tourne au sévère. Les maisons deviennent rares, ce sont des hameaux de montagnards perdus dans un chaos de pierres. Les montagnes sont décharnées, à pic, d’une admirable sauvagerie, elles menacent le ciel de leurs dents de scie, et les remparts qui suivent les soubresauts de leur échine feraient de cette position une citadelle imprenable, si les Coréens vou-