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la mission : le chemin est glissant, les sabots trébuchent sur la glace. Il y a des vieilles pliées en deux, appuyées sur des jeunes filles, des ombres blanches, des jupes de couleur et tout ce monde endimanché monte vers l’église dont les vitres embrasées resplendissent en haut de la colline. Du parvis qui domine la ville la vue est belle sur les maisons de Séoul assoupies et son grand cirque de montagnes, doucement éclairé par une nuit d’étoiles.

Mais le spectacle est dans l’église. Les tuniques blanches des hommes se sont rangées d’un côté, de l’autre les voiles des femmes, un nuage de mousseline ; les enfants de l’orphelinat, la classe bleue, la classe orange, la classe violette, un arc-en-ciel ; le lutrin en tuniques écarlates et la cornette des sœurs qui s’agite et bat la mesure. Sous la grande nef gothique, inondée de lumière, toutes ces étoffes font une masse brillante, un clair de neige, on dirait qu’il y a des anges dans l’église.

Les chants sont en latin et les petits chantres coréens ne s’en tirent pas mal. Ils se risquent même à entonner un cantique français, un vieux