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pécule. Il serait donc moins paresseux, si le gouvernement était moins avare.

Cet argent, si durement ravi au peuple, sert à payer les caprices de l’empereur, ses réceptions, ses dîners et ses feux d’artifice, ses pompeuses et coûteuses sorties, ses emplettes de chevaux ou d’éléphants, les distributions de riz aux gens de la capitale et la solde de l’armée. C’est la grosse dépense depuis que les Coréens se sont mis en tête d’avoir des régiments à l’européenne et ont licencié leur milice. Les nouvelles troupes font tous les matins l’exercice sur la place du palais, sans progrès, incapables d’emboîter le pas, et les clairons jouent toujours faux. Les conscrits sont tout penauds dans des uniformes collants qui les paralysent, les képis plantés sur le chignon et le bonnet de crin vacillent, les souliers blessent et les soldats viennent à la manœuvre, comme des gardes nationaux, emmitouflés dans leur cache-nez, les mains dans les poches et le fusil sous le bras. La cavalerie n’est pas meilleure : tandis que les petits poneys coréens, intrépides et endiablés, passent par tous les sentiers de montagne et ser-