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sommes en Europe, chez un amateur de jardins ; mais, dès que nous serons partis, il s’en retournera à la vieille maison coréenne, cachée derrière la neuve, à la case de papier, bien chaude, avec sa femme ses enfants, la pipe des aïeux et la douceur de se sentir chez lui. Il est fier d’avoir une maison moderne, mais il n’est heureux que dans l’ancienne.

Noblesse oblige : un gentilhomme doit courir les honneurs ou végéter. Le seul métier qu’il puisse exercer sans déroger est celui de libraire, mais il n’enrichit pas son homme. « Le gentilhomme pauvre, dit le proverbe, ne peut mépriser que l’esclave. »

Noble, lettré ou mandarin, c’est tout un. Pour le peuple c’est le maître, l’œil qui guette les écus. L’impôt, la corvée pèsent lourdement sur le pays : tantôt le mandarin doit livrer à l’empereur un certain nombre de peaux de tigres, et chasseurs de courir ; tantôt le mandarin remarque les toitures neuves d’un village, et villageois de payer. L’âpreté du fisc stimule le Coréen à ne rien faire. Cependant, hors de chez lui, en Sibérie, il amasse un