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nats dont ils se déchargent sur des secrétaires. Les plus intelligents écrivent des vers chinois ou la chronique du règne, mais n’ouvrent jamais un seul de ces romans dont se délecte la populace.

Un autre, plus hardi, se met à la vie européenne, bien qu’il soit de la vieille race impériale des Ming et n’ignore pas que ses aïeux ont su vivre avant les nôtres. Il nous accueille dans une maison de pierre dont les portes et les fenêtres sont vitrées. Il nous offre le thé dans un service d’argent qui vient de Londres, il fume des cigares dans une bergère et sa pendule est un coucou suisse. Mais il est resté fidèle aux habits clairs qui égayent cette maison d’emprunt, à l’humeur prime-sautière, à la politesse de sa race. Il a planté dans son jardin des peupliers comme sur nos grand’routes, il a des serres où il cultive avec amour le géranium, la giroflée, la rose de France, infiniment rare et précieuse ici, et voilà qu’il cueille la plus belle, fleurie à grand’peine et qu’il nous l’offre gracieusement, sachant bien quel présent délicat il nous fait. Son bonheur est de nous donner un instant l’illusion que nous