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à pied, bravant les assassins. Si le vent tourne contre lui, il s’incruste au palais et n’en veut plus sortir. Récemment tombé malade, il se faisait soigner à l’hôpital japonais quand une bombe éclata par hasard sous son lit. L’explosion rata mais Y-on-ik fut guéri du coup. Il est à craindre qu’il ne finisse ses jours à la prison, où tant de ministres coréens ont déjà échoué : une fois sous les verrous, ils sont vite supprimés.

Aux yeux des courtisans, Y-on-ik ne compte pas parce qu’il n’est pas gentilhomme et n’a passé aucun examen. Il peut cumuler les honneurs et les ministères, il sera toujours un coolie, un parvenu illettré qu’on ne salue pas et devant lequel on reste accroupi, les besicles sur le nez et la pipe aux dents. Tel est le prestige des diplômes dans les vieux pays. Les nobles ont d’ailleurs une vie à part, plus délicate et maniérée que celle du peuple ; ils s’en distinguent d’abord par la jaquette de soie et le diadème de crin, ils portent des pelisses et circulent en chaise comme les danseuses, ce sont des petits-maîtres. Leur naissance leur donne droit aux honneurs et aux mandari-