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d’enceinte et dans les tours de guet, cachée sous des rideaux noirs. Toute la ville est dans l’obscurité et le sommeil, un seul pavillon reste éclairé, celui où l’empereur délibère avec ses ministres et régale ses favorites.

Un homme entre cependant au palais sans escorte, en espadrilles, pauvrement habillé, comme un coolie : c’est le premier ministre. Y-on-ik était autrefois mineur dans les houillères du Nord, il a manié la pioche : c’est à ces rudes débuts qu’il doit sa force et sa volonté de fer. Ayant amassé quelque épargne, il devint collecteur d’impôts dans la province de Pyn-yang. Un jour où le Trésor avait besoin d’argent et vite, Y-on-ik récolta sur-le-champ la somme et la porta lui-même d’une traite à Séoul. L’empereur, content de ses bonnes jambes, le gratifia d’un petit poste au palais. Une fois dans la place, le mineur a percé sa galerie, en ouvrier têtu, à coups de pioche et le voilà le premier du royaume. Personne ne sait comme lui administrer le domaine, exploiter les rizières, surveiller le tabac, soigner le gin-sang, cette racine réconfortante qui rend la