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religieuse avait sans doute poussé un empereur à construire dans ses jardins cette habitation lacustre, souvenir de la vie que menaient ses aïeux. Les pilotis sont des pieux de granit sur lesquels repose le plancher du temple. Telle est encore la maison des Ghiliaks, au bord de l’Amour : cette ressemblance n’est peut-être pas un hasard, si l’on admet que les Coréens ont du sang sibérien dans les veines.

La plus grande beauté de ces résidences était dans la vue de la montagne, toujours présente à l’empereur. Il n’avait qu’à lever les yeux et entre les fûts téméraires des grands pins il apercevait ce pic décharné, la « Crête de Coq », le Pou-Kan, sa vieille citadelle, le rempart de Séoul, dont la fière silhouette l’invitait à l’héroïsme.

C’est pourtant sous ces ombrages que s’est commis un meurtre infâme. Ces vieux arbres ont vu fuir éperdues, une impératrice, ses dames d’honneur et ses servantes qu’une bande d’assassins japonais poursuivaient dans la nuit. Les bourreaux firent bien leur besogne : pas une femme n’échappa et l’orgueilleuse fille des Ming qui aimait