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Parfois le poète philosophe, mais c’est toujours : avec mélancolie. Voila six mille ans que les Orientaux ne se consolent pas de voir fuir le temps :

Blanches mouettes
Au vol libre
Quand vous nagez en pleine mer,
Il n’y a pour vous ni souci ni regret.
Parlez-nous de ces îles heureuses
Où les mortels peuvent laisser leurs chagrins
Et s’envoler à votre suite.

Cette montagne, ces eaux bleues
N’ont pas été créées en un seul jour,
Elles se sont sensiblement accrues.
J’ai grandi, moi aussi,
Ma jeunesse a poussé,
Mes années se sont déroulées
Et voici que la vieillesse s’avance.
La moitié de ma vie est déjà écoulée ;
Plus jamais je ne serai jeune, plus jamais
Si je pouvais au moins cesser de vieillir !
Si mes cheveux savaient le secret de ne plus blanchir !

Avons-nous quatre ou cinq corps ?
Avons-nous deux ou trois vies ?
Celle-ci est un mauvais rêve
Sans un instant de repos
Et nous ne connaissons à fond que la douleur.

Le sens vif de la poésie n’a jamais manqué aux