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très naïves, où les amants déçus prennent la nature pour confidente, délire habituel aux cœurs tendres :

Dans la nuit j’entendis l’eau du ruisseau
Qui sanglotait
« C’est ton amant, disait-elle
Qui m’a dit de pleurer. »
Ruisseau, je t’en supplie,
Retourne, retourne en arrière
Et va lui dire que je pleure aussi !

Une chanson sera sur le bruit du vent et tous ceux qui ont entendu craquer les pins un jour de tourmente la réciteront avec plaisir au coin du feu :

Quand la grande terre pousse un soupir,
Nous disons que le vent s’élève,
Et nous disons que le vent est fort
Quand la terre crie par toutes ses fissures.
Alors quelle frayeur ont les arbres sur les collines !
Car toutes les brèches du sol,
Les gouffres et les fondrières, les trous et les étangs
S’emplissent de rumeurs et de sifflements,
De doux murmures et de longs aboiements,
De cris perçants et de grognements,
De voix basses et de voix qui grondent,
Bruit des vagues et mugissement des bœufs.
Alors la terre gémit par toutes ses blessures
Et les forêts en frémissent jusqu’au bout du monde.