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de cigognes, une libellule ou simplement une rose qui meurt dans un vase de bronze, et, comme ils improvisent, leurs dessins sont capricieux et vivants comme la nature même. C’est un plaisir de visiter leurs ateliers et de les voir travailler. Ils s’installent dans une chambrette tapissée de papier et chauffée par-dessous à la mode coréenne ; ils se couchent à plat ventre sur le parquet tiède ; une banderole de soie est devant eux ; d’une main légère ils trempent leur pinceau dans les godets et, sans croquis, peignent d’un trait leurs fleurs sur l’étoffe. Leur calme est étonnant : ils soutiennent leur poignet droit de la main gauche, ils ont l’air d’écrire et ils sont si sûrs d’eux-mêmes qu’ils mettent pour travailler une casaque de soie bleu de ciel qu’ils ont bien garde de tacher et qu’ils invitent leurs amis et leurs parents à assister à leur besogne. L’œuvre d’art prend naissance au milieu des conversations, entre deux tasses de thé. Elle restera toujours un peu superficielle, mais infiniment variée et amusante comme les paysages de Corée. Le plus humble badigeonneur, qui barbouille les papiers peints