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de cheval, lui fait franchir le seuil de sa maison et la place sur une estrade où elle présidera comme une divinité au banquet des noces. Il lui offre la corne de cerf, le mets nuptial, la friandise recueillie au printemps par les chasseurs, et, si la mariée n’est pas récalcitrante, elle accepte et croque de bon cœur.

La vie nouvelle qu’elle commence sera celle d’une recluse, reléguée dans une arrière-boutique, loin de la rue qu’elle n’apercevra que dans ses rares sorties, voilée. Se lever au petit jour, quand la lune brille encore, apprêter le riz, le vermicelle, le bouillon de chien ou de citrouille, faire cuire des gâteaux et surtout taper sans relâche les vêtements du mari jusqu’à ce qu’ils brillent : voilà sa destinée. Heureuses celles qui tombent sur un homme fidèle et indulgent, qui autorise les visites à la voisine et le cabinet de lecture. Elles font leur tâche en silence, douces servantes qui n’ont pas le droit d’élever la voix, et le Coréen juge extraordinaire une mégère acariâtre, « une poule qui chante ». Elles restent pourtant femmes et coquettes, liseuses de romans et sentimentales,