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crin orné de deux ailettes, c’est souvent un tout jeune homme imberbe, marié par ses parents et qui s’amuse de cette fête comme un enfant.

Enfin, sur la dernière monture, un paquet tremblant de linge et de soie d’où sort une main brune où brille l’anneau nuptial : c’est la mariée. Elle est au supplice. Ses amies sont venues la veille lui épiler les tempes, lui tatouer le visage, rosace sur les joues, étoile sur le front, lui farder les lèvres, lui peindre les cils, les coller, lui cacheter les narines et les oreilles. On l’a coiffée, fleurie, enrubannée, empaquetée dans la soie ; elle est l’idole de la fête, mais elle est sourde, aveugle, muette, étrangement fagotée et pour elle seule les noces sont amères. De la marche nuptiale elle ne gardera le souvenir que d’une course à cheval où elle s’est crue cent fois désarçonnée ; elle est livrée comme une infirme à son mari : il dépend de lui désormais qu’elle voie, qu’elle entende, qu’elle respire, qu’elle parle. Il est pourtant rare qu’elle ignore celui qu’elle épouse : les parents ont fait le mariage, mais les fiancés se sont vus en cachette. Le mari l’aide à descendre