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d’un effet puissant : ce mort qu’on emporte la nuit avec des torches, ces vers luisants dans les ténèbres, ces cris, c’est un spectacle fait pour émouvoir le peuple ; aux lucarnes des maisons les femmes curieuses se montrent, aveuglées par les lanternes, la ville est bouleversée par cette marche nocturne, et si le mort a des centaines de bougies derrière lui, il se réjouit d’éblouir encore ses concitoyens.

Les cimetières de Séoul sont à quelques heures de la ville, dans des vallons écartés et abrités du vent. Le choix du tombeau est l’affaire du géomancien, qui connaît les veines de la terre et l’endroit où les morts dorment en paix. Selon le rang du défunt, on augmente les précautions prises contre les diables. C’est ainsi que les nobles, par mesure de sécurité et par orgueil, se font enterrer dans leur domaine, sur la terre où ils ont vécu ; l’avenue de saules qui conduisait à leur maison de campagne mènera désormais à leur tombeau. Souvent ils l’ont fait construire eux-mêmes, ils ont élevé le tertre où ils reposeront, planté le bois de sapins qui les abritera du