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belles de nuit : il n’est pas de fête sans leur corsage d’or, leur sourire et leurs dadais de maris qui les accompagnent au tambour. Ce sont des ballerines, attachées au palais, pour désennuyer l’empereur, mais les fonctionnaires et les notables les empruntent à Sa Majesté pour un soir. Elles arrivent avec un cortège de lanternes aux, couleurs impériales, dans un grand murmure d’étoffes somptueuses. Les plus belles soies, les plus riches fourrures sont pour leurs épaules. Duvet de la Pêche, la favorite, a des manchettes doublées de peaux d’écureuil et des pelisses de renard bleu. Sa chaise à porteurs est tapissée de zibelines, sa tunique est une pelure d’orange d’une soie éblouissante, une grosse perle d’ambre est pendue sur sa poitrine, elle a des bagues à tous les doigts.

Pourtant ces belles s’ennuient : le seul attrait du spectacle est dans le mouvement gracieux de leur taille, longue et souple, emprisonnée dans la haute jupe. C’est qu’elles sont toutes désorientées dans ce monde de courtisans : elles arrivent, fraîches et naïves, de la province de Ping-Yang