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avoir longuement désiré cette heure et plus d’une en profite pour suivre une intrigue, recevoir ou jeter dans l’embrasure d’une porte un billet doux, ou même, si la duègne est complice, courir à un rendez-vous. Séoul est une ville très sentimentale et la plupart des Coréens ont une amourette en train. Leur littérature populaire n’exprime que des chagrins d’amour, aveux d’un étudiant qui promet à sa belle d’enlever l’examen qui fléchira le beau-père, ou plaintes de fiancée abandonnée qui songe à l’absent :

L’adieu est un feu qui nous brûle le cœur
Et les pleurs une pluie qui l’apaise.
J’ai mêlé mon âme avec le vin
Pour que mon amant s’en abreuve.
Le vin me le gardera fidèle.
Le vin est un puissant breuvage.
La lune argentée, le soir et l’aurore
Ne sont plus rien pour moi.
Solitaire oie sauvage, qui passes sur mon toit,
Si tu vois dans ton voyage
Celui que j’aime, le cœur si brisé,
Dis-lui tendrement de ma part
Que c’est la mort quand nous sommes séparés.

Le soir est aussi l’heure des danseuses, des