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sommet d’un chignon, en équilibre sur une perruque. Ils ne diffèrent que par la qualité du crin. On porte un chapeau selon sa fortune et son rang : aux particuliers des fibres de bambou, aux gentilshommes des soies de sanglier. Un Coréen ne s’y trompe pas : à la légèreté, à la transparence, aux reflets du chapeau il juge un homme. Pour n’en pas porter il faut être coolie ou en deuil, c’est-à-dire réduit à la grande cloche de paille. Les adolescents le portent jaune clair, les hommes noir, les lettrés le remplacent par un diadème de crin. Il faut habiter longtemps la Corée pour se reconnaître dans cette hiérarchie des chapeaux et deviner la noblesse et l’éducation d’un individu à la façon dont il porte le sien, correct ou cascadeur. Il existe au coin des rues des boutiques volantes où l’on retape les vieux chapeaux. Bref un Coréen ne se conçoit pas sans chapeau et c’est un objet si fragile et si précieux qu’il reste solidement planté sur la tête : l’empereur peut passer, le Coréen s’inclinera, mais ne lui donnera pas un coup de chapeau.