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clous et le soulier de soie ; ceux-ci se réunissent l’hiver dans des ateliers à moitié enterrés, calfeutrés sous un paillasson, de vraies étuves, où dans une buée malsaine, dans la fumée des pipes, ils graissent, ils rabotent, ils cousent leur cuir ; enfin ceux qui taillent dans le bois les hautes galoches, les patins contre la boue, qui obligent les Coréens à traverser les rues avec la lenteur et la gravité des cigognes. Les plus jolis souliers sont ceux des enfants, d’une couleur tendre, dont nous ne pouvons nous faire une idée que par nos dominos de carnaval. Le cordonnier aime ses aises et ne veut pas être pressé. Un proverbe se moque de lui : « Le savetier dit : Demain ou après-demain. » Toujours assis, il a le temps de réfléchir, de composer des chansons ; c’est la forte tête du quartier.

Les parcheminiers ont le plus d’ouvrage, car le papier est la première industrie coréenne : il sert à tout. Huilé, il a la solidité de la toile ; broyé, il est dur comme pierre. On en fait des cloisons, des parquets, des vitres, des boites à chapeaux, des corbeilles et des seaux pour pui-