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raquette, elles le lancent et le rattrapent avec le pied, très gracieusement. Devant les marchands de jujube, de noisettes et de châtaignes on s’attroupe, on fait la dînette, on coupe les miettes en quatre et la bande joyeuse reprend son essor et réjouit le quartier. « Réfléchissez pendant que vous êtes têtard », dit le proverbe, mais les enfants de Séoul se moquent des proverbes et font les diables.

Ces spectacles de la rue sont rehaussés par la lumière. Le ciel est sans nuages, les habits blancs qui vont et viennent miroitent au soleil, les pauvres étalages resplendissent, les pommes du Japon semblent appétissantes, les poissons, les huîtres et les pieuvres qui sèchent aux devantures prennent des tons dorés, les amas de faisans chez les marchands de gibier donnent l’illusion d’un pays généreux. Lumière si pure qu’elle embellit même les vieilles ridées, dont les yeux restent clairs, et donne aux maisons vermoulues, aux chaumes croulants, un regain de jeunesse.