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tent devant l’écrivain public, interpellent les paysans, bayent aux corneilles. Si un homme soucieux et pressé traverse cette foule nonchalante, on le laisse passer avec un sourire de dédain : c’est un fonctionnaire, un malheureux qui travaille. « Le mendiant lui-même, dit le proverbe, a pitié du lecteur du palais. »

Sous les ponts, pendant l’hiver, quand les canaux sont gelés, les polissons font des glissades, les filles aussi hardies que les garçons, et lorsqu’un maladroit fait la culbute, quels cris de joie ! Ou bien ils lancent un cerf-volant, ils sont au moins une douzaine qui s’intéressent à son avenir ; de ces comètes qui volent tous les jours dans le ciel au-dessus de Séoul c’est à qui montera le plus haut. Quelle gloire pour celui qui tient le fil quand son cerf-volant majestueux dépasse tous les autres. S’il chavire, on va le chercher sur les toits, le repêcher au fond des cours en escaladant les murailles, et le jeu recommence. Voilà peut-être l’origine d’un grand défaut des Coréens : ils vivent trop dans les nuages, mais comme c’est amusant ! Les filles jouent au volant, et, n’ayant pas de