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les places en attendant la clientèle : le carrefour, près de la Grosse-Cloche, devient un marché à bestiaux. Ces grands gaillards qui ne portent pas le chapeau des citadins, mais le bonnet des rustres ou la cloche de paille des coolies, apportent en ville leur belle humeur, l’odeur des champs et des sapins et ces mots pour rire qu’ils savent lancer aux passants sur les grandes routes. Quand ils entrent en ville, d’un pied léger, chaussé d’espadrilles, le vieux mandarin les envie et les enfants les suivent, intrigués par leurs paniers. La marchandise vendue, ils s’entassent dans les auberges, près du rempart, celles où les courriers font reposer leurs petits chevaux et leur donnent la soupe. Là est le rendez-vous des provinciaux qui s’attroupent aux alentours chez le sellier, le cordier, le marchand de souliers cloutés, le maréchal ferrant. Quand ils ont bien bu et appris quelques histoires, acheté un fouet ou un licol, échangé quelques jurons avec les palefreniers, les maraîchers s’en retournent à leur village, poussant devant eux leurs taureaux doux comme des moutons.