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les fatigues de la vie sont pour elles. En vieillissant elles conservent l’éclat noir de leurs yeux et la majesté de la démarche. Il en est de fort belles. Elles ont alors une admirable ligne de front, l’arc des sourcils plein de hardiesse, une vivacité de regard, des narines moqueuses, la bouche petite, un pur ovale de menton, et leur beauté tout en finesse et en fragilité semble l’héritage d’une très vieille race, peut-être engourdie, mais qui n’a point déchu.

Le luxe de ces pauvres gens est dans leur chevelure. Elle est d’un noir d’ébène, lisse, abondante et souple et l’huile la fait briller : il faut qu’une Coréenne soit au dernier degré de la misère pour la vendre au poids à un perruquier chinois. Personne n’y met le ciseau : les hommes la portent en chignon et maintiennent l’extrémité du toupet par un bout de corail rouge, les adolescents en font une natte, les femmes du peuple un diadème qui leur sert de coussinet pour les fardeaux, les élégantes des bandeaux collés sur le haut du front et noués sous la nuque avec une épingle d’argent. Toutes les Coréennes savent qu’à leur visage délicat rien ne sied mieux que le bandeau des vierges.