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La fille de Tchi, pendant l’entretien enchevêtré de courbettes et de gestes déférents que je venais d’avoir avec le Chinois, n’avait pas eu un signe de colère, d’ennui ou de déplaisir sur son visage plat et ocreux.

Je me demandai, lorsqu’elle vint sans ordres nouveaux s’étendre sur les amas de coussins qui devaient être témoins de nos exploits, si elle éprouvait quelque joie ou si elle souffrait. Impossible de répondre, ces figures sont illisibles. Elle s’était mise nue. Le bandit la rappela à l’ordre et elle se rhabilla.

Comme je n’avais pas compris, je lui demandai :

— Que lui as-tu dit ?

Il eut un sourire affreux :

— Qu’il n’appartenait qu’à toi de lui enlever sa robe. Une femme doit venir à l’amour avec ses parures. Il est agréable à l’amant d’enlever celles qu’il dédaigne, mais il lui serait pénible de remettre celles qu’elle aurait oubliées.

Tant de sagesse, qui n’a jamais été formulé en Occident, me parut très louable et j’approuvai.

La fille de Tchi mit donc une sorte de pantalon de mousseline rose, serré aux chevilles, puis un jupon jaune, de soie légère et d’une ampleur démesurée. Ensuite la robe, d’un seul bloc, d’une étoffe curieuse, ot alternaient les dessins chinois et les figures chères aux tisseurs européens. Je devinai un tissu fabriqué en Angleterre ou en Allemagne, et compris pourquoi la Chine aura tant de peine à se créer une indépendance commerciale. Peu importe, d’ailleurs.