Page:Georges Damian Les Debuts amoureux 1928.djvu/10

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 8 —

Mais fallait-il encore m’en débarrasser. Or, je ne voyais pas comment y parvenir. Ma timidité s’était accrue de toute la certitude que j’avais de n’oser jamais parler sexe avec celles qui faisaient commerce du leur.

Le plus curieux est que les femmes avec moi, car je n’ai jamais su si elles agissaient ainsi avec les autres, affectaient de s’exprimer avec une telle délicatesse, une telle méconnaissance de leur profession, que je n’aurais jamais voulu leur sembler deviner les choses qui, d’ailleurs, constituaient leur profession… C’est encore une des tristesses de la timidité qu’elle modifie les contacts avec le monde, et même en dénature l’aspect. Mais un jour allait venir où…

iii

Rencontre


Un soir, c’était en août, je sortis après dîner, comme de coutume. Il faisait très chaud. L’air semblait alourdi par une sorte de matière palpable. On respirait mal. Et je me sentais plus énervé par le désir que je ne l’avais été jusqu’ici.

Je pris une rue, puis une autre, en rêvant de je ne sais quoi.

À un tournant, une fille m’accosta :

« Tiens, dit-elle, avec une secrète ironie, voilà mon petit amant. »