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car le quatrième on se trouva en vue de l’îlot Saint-Gardinien où le Saint-Elme s’échoua et fut démoli par une tempête. Il ne resta, de la bande de pirates, que trois membres. Pissacier avait été oubliée sur son lit et coula avec le bateau.

Revenons à Adussias. Avec le mousse elle sut si bien, le jour venu, se diriger à la voile qu’avant d’avoir épuisé son eau et ses vivres, elle touchait l’île de Celtigo da Ponte la plus basse des Antilles.

Là, elle sut utilement complaire, surtout par son ardeur insatiable et ses connaissances galantes, à la population nègre du cru. Pour ce, on la nomma grande prêtresse du dieu de ce pays qui est le Grand Urubu.

Elle dut, il est vrai, laisser manger le pauvre mousse, car ces nègres étaient anthropophages.

Un an passa. Des navires pirates vinrent visiter l’île et Adussias put goûter du gigot de Cul-d’Escale, surpris, cuit et dévoré avec plusieurs de ses compagnons.

Mais deux années après ces événements, trois frégates battant pavillon français arrivèrent dans l’île et firent un affreux massacre des cannibales.

C’est alors qu’Adussias se fit connaître et affirma pouvoir fournir de grands trésors si on la laissait gouverner Celtigo.

Après délibération on y consentit. Adussias reçut, l’année suivante, une Commission du Roi de France. C’est à elle que sont dues les magnifiques plantations qui ornent l’île et font sa fortune.

Dix années plus tard, elle revint à Marseille près de sa patrie et son titre de Gouverneur lui valut l’estime publique.