Page:Georges Damian L’Ardente Flibustière 1927.djvu/47

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 45 —

où elle avait elle-même préparé diverses choses pour une fuite. Car elle se méfiait.

Le mousse suivait.

Le temps de compter jusqu’à cent et par une trappe à côté du gouvernail, après avoir tué le timonier d’un coup de sabre, Adussias descend de l’eau, des vivres, du rhum et divers ballots dans le petit youyou qui remplace la chaloupe avec laquelle s’est enfui le marquis. Bientôt tout est prêt. On coupe le câble et le Saint-Elme s’éloigne lentement…

On entend à cette minute hurler les matelots conjurés. Ils ont enfoncé la porte de la cabine où devrait les attendre la capitaine, mais ils ont trouvé le lit vide… Et Pissacier jette aux étoiles des injures ibériques qui sonnent.

Cependant, quatre matelots, initiés aux délices qu’elle sait offrir dans les circonstances notables, lui réclament à cette occasion de les satisfaire sur-le-champ. Elle s’y adonne, sentant que le malheur est sur sa tête. C’est que la prise de possession du Saint-Elme s’accompagne de diverses mises à mort. Les familiers de la belle Adussias sont pendus. Il y en a trois. Et Pissacier se voit, par le nouveau commandant Pête-Dur, qui veut faire régner la discipline, promue au titre de maîtresse d’équipage. C’est-à-dire qu’elle aura à tour de rôle, et après tirage au sort hebdomadaire, fait le dimanche, à satisfaire l’équipage à raison de deux hommes par jour, un de midi à minuit et un de minuit à midi…

Comme elle proteste. Pête-Dur lui administre un bon coup de gourdin sur les fesses et ordonne qu’on l’attache à son lit. On le fit…

Sa misère ne devait durer que trois jours, au surplus,